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De 20% à 40 % des HLM alloués aux femmes victimes de violence

Soumis par Rédaction le
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vital

À l’approche de la Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes du 6 décembre, nous sommes nombreux et nombreuses au Québec à nous demander comment nous pourrions collectivement être plus efficaces dans la lutte contre ce fléau.

La crise du logement limite la possibilité de se sortir d’une situation de violence conjugale. D’une part, la violence conjugale appauvrit drastiquement les femmes (difficulté de travailler, perte de revenus liée à la séparation et à la violence post-séparation) si bien que plusieurs n’ont même pas la capacité de se payer un logement à un coût prohibitif sur le marché privé. D’autre part, les logements vacants sont rares et la pénurie est un terreau propice à la discrimination. Les propriétaires privés ne veulent pas louer aux femmes avec des enfants, surtout si elles sont à faible revenu et-ou immigrantes

Dans ce contexte, il faut souligner le rôle essentiel joué par les 65 000 logements à loyer modique du parc public au Québec. Pour des milliers de femmes et leurs enfants, les HLM ont été le tremplin qui a changé leur vie puisqu’elles y ont accès en priorité. En effet, le Règlement sur l’attribution des logements à loyer modique (article 23 et article 23.1) édicté par la Société d’habitation du Québec prévoit que les demandes de victimes de violence familiale, y compris conjugale, sont prioritaires et peuvent être déposées dans n’importe quel office d’habitation pour celles qui doivent changer de villes.

Ainsi, en 2024, nous constatons qu’une moyenne de 23 % des logements qui se sont libérés durant l’année ont été attribués à des victimes de violence en quête d’un refuge pour refaire leur vie.[1]

Office d’habitation 

NB de ménages

Nb de HLM

%  d’attribution

OMH de Montréal

117

20804

6 %

OMH de Québec

124

5989

20 %

ORH Centre-du-Québec 

52

1408

36 %

OH de l’Outaouais

68

2681

25 %

OMH de Saguenay

39

1905

20 %

OMH Laval 

71

1660

42 %

OMH Sherbrooke 

14

1158

12 %

OH Trois-Rivières 

26

1778

14 %

OH Longueuil

76

2276

33 %

OH du Sud des Appalaches 

14

1153

12 %

ORH Rimouski-Neigette 

7

679

10 %

OMH Haut-Richelieu

18

684

26 %

OMH Maskoutains

15

640

23 %

OMH Lévis

35

899

38 %

Dans cet échantillon de quatorze offices d’habitation (OH) de différentes régions, ce sont 676 femmes qui ont pu, de toute urgence, se reloger dans un appartement sécuritaire qu’elles peuvent se payer puisque les loyers sont fixés à 25 % de leurs revenus. Environ, 10 % des logements, soit 6 500, se libèrent et deviennent disponibles à la location chaque année dans la centaine d’OH répartie à travers le Québec. 20%, 30% et même 40 % de ces logements sont attribués à des ménages référés par les maisons d’hébergement, un corps de police ou un établissement du réseau de la santé et des service sociaux.

Plusieurs maisons d’hébergement[2] signalent, qu’elles doivent refuser de nombreuses demandes d’aide car les femmes et les enfants qu’elles hébergent y demeurent plus longtemps. Dans certaines ressources, le temps maximum serait passé de 4 semaines à deux mois. La crise du logement diminue leur capacité d’accueil sur une base annuelle et la capacité de nombreuses femmes à se trouver un lieu pour se bâtir un avenir en sécurité

Maintenant, la question qui tue : à cause de la pénurie de HLM, combien de femmes qui vivent de la violence sont obligées de rester dans leur logement avec leur conjoint violent ?

Au nom des nombreuses femmes victime de violence qui trouvent, chaque année, une stabilité et une sécurité résidentielle dans le parc HLM existant au Québec, nous souhaitons rappeler publiquement aux premiers ministres Mark Carney et François Legault qu’ils ont le pouvoir réel de changer les choses. Dans leurs discours, à l’occasion du 6 décembre prochain, pourquoi ne pas poser un geste efficace en réactivant le programme de construction de HLM qui a été aboli unilatéralement par Ottawa en 1994. Une nouvelle génération de HLM, c’est 5000 unités de logement social chaque année, dont 20%, 30% ou 40 % qui serviraient de bouées de sauvetage pour celles qui fuient la violence. 


 


[1] Sondage réalisé en novembre 2025 par la FLHLMQ auprès de 14 OH sur le pourcentage de logements alloués à des cas reliés à la violence en vertu de l’article 23,1 du Règlement sur l'attribution de la SHQ.